Le SCID-5 est la version clinique de l'entretien semi-structuré contribuant à établir les principaux diagnostics du DSM-5. Il fournit aux cliniciens une aide pour la démarche diagnostique des troubles en santé mentale tels que les troubles dépressifs, les troubles anxieux et le trouble de l'adaptation.
Les auteurs et adaptateurs sont M.B. First, J.B.W. Williams, Rhonda S. Karg, R.L. Spitzer. Pour l’adaptation française : S. Habersaat, D. d’Huart et J. M. Fegert. La date de publication du SCID-5-CV en langue française est janvier 2022 aux éditions Hogrefe France. L’éditeur d’origine est l’American Psychiatric Association (APA).
A réception de l’outil, le colis contient un manuel appelé "guide d'utilisation" et des cahiers appelés "Entretien".
Le SCID est utilisé par un clinicien ou un professionnel de santé mentale qui a une forte expérience pour la classification et les critères du DSM-5. Dans le guide d’utilisation, les auteurs ont ajouté deux pages intitulées « à faire, à ne pas faire » que j’ai trouvées très pertinentes ainsi que des jeux de rôle pour que le clinicien puisse s’entrainer.
Le SCID conviendra à des patients à suspicion ou concernés par les troubles en santé mentale qui consultent en médecine générale, en psychiatrie, en addictologie, en psychologie. Le SCID convient aussi pour recueillir des informations auprès des proches de la personne qui consulte.
Dans la formulation des questions, le SCID est adapté à des jeunes adultes et à des adultes. Quelques légères modifications du libellé de certaines questions permettent la passation avec certains adolescents. Il faut rappeler l’existence du K-SAD, un entretien semi-structuré à destination des enfants et de leurs proches, disponible gratuitement.
§ Pour vérifier et s’assurer que des diagnostics majeurs ont bien été recherchés (exemples : procédure d’admission, cadre médico-légal)
§ Pour favoriser le processus d’apprentissage des étudiants et des professionnels en formation continue. Le SCID contribue à développer les techniques d’entretien pour les psychologues, les médecins mais aussi pour des travailleurs sociaux et infirmiers en psychiatrie.
§ Face à des personnes souffrant de troubles cognitifs importants, d’agitation ou de symptômes psychotiques, le SCID peut devenir une liste de contrôle et un arbre décisionnel en intégrant des informations obtenues auprès des proches et d’autres professionnels.
Le SCID pourrait succéder à l’entretien d’analyse de la demande au cours duquel le clinicien aura dégagé au moins une hypothèse.
Parfois, les entretiens cliniques non structurés sont majoritairement utilisés par les cliniciens dans leurs évaluations à visée diagnostique. Ce type d’outil est proposé justement pour pallier certaines limites inhérentes aux entretiens non structurés.
La passation du SCID de A à Z n’est pas impérative. Le clinicien pourra choisir de l’utiliser en suivant l’ordre proposé mais il peut aussi « piocher » en fonction de l’hypothèse sur laquelle il souhaite enquêter.
Une seule séance de 45 à 90 minutes peut être suffisante et efficace. Plusieurs facteurs rentrent en ligne de compte pour pouvoir estimer plus finement le temps de passation : la complexité des antécédents somatiques et psychiatriques, les capacités de la personne (par exemple, distractibilité, fluence, etc..), les compétences et l’expérience du clinicien. Ainsi, il est possible que certaines passations durent 3 heures cumulées.
Une étude de Shore et ses collègues (2007) montre que la vidéo-conférence en direct ne différait pas de manière significative de l’évaluation en face à face. Bien sûr, pour un clinicien disposé à utiliser ce support de consultation, la décision est à prendre au cas par cas.
Avoir en tête les 4 clefs diagnostiques permet au clinicien de disposer d’un fil rouge pour l’enquête clinique en santé mentale. Pour tendre vers un diagnostic en santé mentale, 4 éléments sont indispensables à évaluer : les symptômes, la temporalité, le retentissement et le différentiel.
Les questions proposées par le SCID reprennent chaque critère un à un des troubles évalués. manière Pour autant, cet outil ne tombe pas dans l’écueil de la liste de contrôle « vrai/faux » posée de « robotique ». Certaines questions sont à poser textuellement à la personne et de confirmer une information déjà obtenue, et d’autres permettent d’obtenir une clarification (par exemple, « voulez-vous me dire que… ? »). Le SCID peut fournir à l’étudiant et au clinicien un répertoire de questions utiles pour obtenir des renseignements sur un diagnostic spécifique. L’utilisation répétée du SCID permet une familiarisation rapide avec les critères de diagnostics et de mémoriser les questions et la manière dont elles sont formulées. De plus, par les questions proposées, le SCID encourage le clinicien à rechercher des informations détaillées sur les pensées, les émotions et les comportements. La convention de cotation, si elle est respectée, évite au clinicien de poser des questions inutiles. Les questions du SCID sont formulées pour éviter d’orienter les réponses et les questions fermées ne sont utilisées que dans des situations spécifiques. Un grand soin a été apporté à la formulation exacte de chaque question et les questions fonctionnent avec presque tous les patients. Globalement, l’outil permet de se centrer sur la personne et lui permettre de décrire sa psychopathologie avec ses propres mots.
L’ensemble des troubles du DSM-5 ne fait pas l’objet d’un entretien semi-structuré. Cependant, certains d’entre eux font l’objet de questions de dépistage à poser à la personne (par exemple : trouble dysphorique prémenstruel, dermatillomanie, thésaurisation pathologique). Dans le cas d’une réponse positive, le clinicien peut se reporter à l’annexe 1 du guide d’utilisation (ou au DSM-5) pour poursuivre l’enquête clinique du trouble en question.
Le SCID est utilisable avec les proches de la personne qui consulte ce qui permet avec un même outil de recueillir des informations de différentes sources.
Pour certains troubles, le SCID nous demande de choisir la temporalité à évaluer. Par exemple, pour l’évaluation d’épisodes de manie, nous avons à notre disposition deux entretiens semi-structurés distincts : pour la période actuelle (dernier mois) et pour un épisode passé. Pour d’autres troubles, le SCID propose uniquement l’évaluation sur la période actuelle (6 derniers mois ; par exemple, le cas pour le Trouble Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité), sur une période d’un an (par exemple, le cas pour les troubles de l’usage des substances) ou sur une période vie entière (par exemple, le cas pour les symptômes psychotiques et associés).
Le guide d’utilisation indique que pour la plupart des troubles l’évaluation est limitée à la période actuelle qui est la période considérée comme la plus pertinente sur le plan clinique et pour la mise en place d’un traitement. Cela étant, à mon sens, le jugement clinique permettra de décider d’enquêter sur une période complémentaire. Par exemple, pour une suspicion d’un trouble de l’usage de substance, enquêter sur une période passée pourrait être fortement utile afin de qualifier plus précisément l’évolution des consommations sur la vie entière.
Concernant le TDAH, la temporalité proposée par le SCID doit faire l’objet d’une attention particulière par le clinicien. Le TDAH étant un trouble neurodéveloppemental, il est indispensable de rechercher la symptomatologie au cours de la vie et notamment au cours de la période allant de 0 à 12 ans.
A mon sens, la période proposée dans le SCID est insuffisante sur le plan clinique et pour la mise en place d’un traitement. La symptomatologie du TDAH est très fréquente, sans pour autant qu’il s’agisse de ce trouble. Souvent, c’est d’ailleurs la temporalité dans l’évolution de la symptomatologie qui aide le clinicien dans son différentiel. Pour pallier cela, le clinicien peut choisir d’utiliser la DIVA plutôt que le SCID. Il peut procéder à un dépistage avec le SCID et, en cas de résultats évocateurs d’un TDAH, poursuivre avec la DIVA. Par ailleurs, il existe des outils de dépistage du TDAH préconisés comme l’ASRS.
Un trouble, par définition, entraine une « détresse ou déficience cliniquement significative ». Le SCID a bien pris en compte ce critère en intégrant des questions visant à mieux comprendre comment les symptômes en question affectent la vie de la personne qui consulte ainsi que des questions complémentaires lorsque le handicap fonctionnel demeure incertain pour le clinicien. Ce point est, à mon sens, très important car l’évaluation du retentissement n’est pas quelque chose d’aisé en clinique.
A chaque fois que cela est nécessaire, le SCID nous rappelle de questionner le contexte d’apparition de certains symptômes (par exemple, des hallucinations) ou de certains épisodes (par exemple, la manie) en vérifiant s’il cela était précédé de consommations de substances et de médicaments.
Le SCID comporte deux modules spécifiquement dédiés au diagnostic différentiel. Il s’agit d’arbres de décision pour les troubles psychotiques et pour les troubles de l’humeur.
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