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Trouble du stress post-traumatique et lésion médullaire

Mélissa Boucabeille
Mélissa Boucabeille

06 March 2023

Selon les études la prévalence du trouble de stress post traumatique chez les personnes présentant une lésion médullaire varie de 7-8% à 60% (Pollock et al., 2017). Si la valeur exacte n’est pas connue, il semble qu’elle soit supérieure à celle retrouvée en population générale, qui selon l’INSERM serait entre 5 à 12% (études principalement menées aux États-Unis).

Selon les études la prévalence du trouble de stress post traumatique chez les personnes présentant une lésion médullaire varie de 7-8% à 60% (Pollock et al., 2017). Si la valeur exacte n’est pas connue, il semble qu’elle soit supérieure à celle retrouvée en population générale, qui selon l’INSERM serait entre 5 à 12% (études principalement menées aux États-Unis). Si les symptômes réactionnels peuvent apparaitre comme « normaux » dans ce genre de situation, leur prise en charge ne doit pourtant pas être négligée ou reportée car leur sévérité ou persistance auront un impact certain sur l’évolution du patient. Dans ce sens une méta-analyse (Pollock et al., 2017) a mis en évidence que chez les patients atteints de lésions médullaires, on constate que 40% des sujets rapportent des symptômes d’évitement, d’anxiété majeure et de souvenirs intrusifs du traumatisme ; Que 4% décrivent la persistance de ces symptômes plus d’un mois après la lésion, permettant alors le diagnostic d’un Syndrome de Stress Post-Traumatique. Enfin cet article met en lumière que sans traitement, la prévalence du PTSD durant la vie des blessés médullaires est importante, puisque 29% des patients décrivent encore des symptômes 30 ans après la lésion.

                                                                                       

           Selon une guideline de prise en charge du stress post-traumatique, les interventions pluridisciplinaires en phase aiguë (en réanimation) permettent de prévenir l’apparition de psychopathologie notamment chez les patients avec des niveaux de stress élevés (Forbes, 2020). Dans le même sens les programme de thérapie cognitive et comportementale montrent des effets significatifs afin de gérer les difficultés d’adaptation émotionnelle (dépression et anxiété) secondaire à une lésion médullaire (Kennedy et al., 2003).

Quelles sont les spécificités de prise en charges psychologique des patients atteints d’une lésions médullaire ?

           Premièrement l’importance de la psychoéducation. Une étude se basant sur les psychothérapies menées auprès de 600 patients en centre de réadaptation met en lumière une corrélation importante entre le besoin en psychoéducation et le niveau de la blessure médullaire (Huston et al., 2011). Il faut notamment distinguer les types de lésions médullaires : haute, basse et complète, incomplète, car en fonction de cela les pronostics de récupération et les améliorations physique seront plus ou moins importantes. Dans ce sens l’étude montre que les patients avec lésions médullaires basses ont eu moins de temps de psychoéducation comparativement aux personnes présentant une lésion médullaire haute. Cela peut être expliqué par des améliorations physique plus importantes lorsque la lésion est basse et donc un besoin informatif moins importantes. Cependant les auteurs insistent sur le fait que les personnes présentant une lésion médullaire basse (paraplégie incomplète) présente un taux plus important de suicide ce qui pourrait également être expliqué par un niveau d’informations moins élevé. L’étude explique que « même des informations de base sur les symptômes liés aux traumatismes peuvent contribuer à réduire les idées fausses sur la maladie et influencer positivement le rétablissement » (Huston et al., 2011). En effet améliorer les connaissances du patient fait partie des objectifs de la démarche éducative avec l’hypothèse que cela augmentera sa capacité d’observance thérapeutique et d’auto-soins.

           Ces informations sont également nécessaires pour que la personne puisse construire une représentation cognitive et émotionnelle cohérente de sa pathologie afin de mieux la gérer et de lui donner « un sens ». « Cinq à six dimensions cognitives sont généralement admises : l’identité (le nom de la maladie et la sévérité perçue de ses symptômes), la durée (caractère aigu ou chronique), les conséquences (perception des conséquences physique, sociale ou économique), la cause (idée personnelle de l’étiologie) et le contrôle (avis du patient sur sa capacité à agir sur la maladie). La sixième dimension est émotionnelle (ce que ressent le patient face à sa maladie) » (Gélis et al., 2011).

           Deuxièmement la gestion de la douleur. Les douleurs neuropathiques sont fréquemment présente chez les patients présentant une lésion médullaire. Ce type de douleur est complexe à traiter et nécessite une prise en charge pluridisciplinaire. Plusieurs études ont mis en exergue l’intrication et la chronicisation de ses douleurs avec des dimensions psychologiques tels que les aspects affectifs, cognitifs et comportementaux, les stratégies de coping, le catastrophisme et les cognitions (Masselin-Dubois, 2010). En effet l’anticipation anxieuse de la douleur peut par exemple entraîner des comportements d’évitements ou des croyances erronées sur l’origine des douleurs. Prévenir la chronicisation de ses douleurs est un enjeu majeur car elles impactent significativement la qualité de vie de la personne.

           En plus des retentissements fonctionnels, physiques et psychologiques, une lésion médullaire impacte également les relations sociales et familiale de la personne. En effet le rôle occupé par l’individu est chamboulé et il doit « trouver » de nouveaux rôles sociaux à occuper. La famille est donc souvent amenée à jouer un rôle de « soignant » ce qui modifie les relations (Jeyathevan et al., 2019). De plus si au départ les visites et les soutiens sont nombreux, la progressive intégration du handicap par l’individu entraîne parfois des interprétations négatives de la présence des tiers et peut contribuer à l’isoler. D’autre part les soins associés aux complications (notamment vésicale et intestinale) ont en eux même un impact social pour les personnes (Braaf et al., 2017). Enfin l’intrication entre dépression et isolement social est bien documenté dans la littérature et il semble donc essentiel d’évaluer et de favoriser le maintien des relations familiales et social afin de prévenir la survenue de complications psychopathologique à plus long terme.



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